Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/208

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tisanes : un peu d’observation diluée dans beaucoup de cet esprit boulevardier qui est la forme la plus brillante de la sottise. Pourtant le morceau final mérite d’être signalé pour sa note douloureuse et pénétrante. Les volumes qui sont de Marni seule contiennent encore trop de cet inepte esprit « vie parisienne » ; mais beaucoup de tableautins y sont frémissants d’émotion. Les Enfants qu’elles ont marquent le moment exquis de ce talent. Dans les précédents recueils, l’auteur se croit trop obligée par la loi du genre et elle s’acharne à la chasse des idées drôles. Dans les séries suivantes, Fiacres, Celles qu’on ignore, la fatigue se laisse un peu sentir et, à côté de pages charmantes, on rencontre des banalités et d’indifférentes plaisanteries.

Dans Marni, l’homme à la force de l’âge est le mondain quelconque, bêtement spirituel. Parfois elle le rend odieux en indiquant d’un trait rapide et adroit quel épouvantable égoïsme se cache sous sa philosophie gouailleuse. « Ce n’est pas le cœur qui l’étouffe » et, dans tout ce qui n’est pas vie superficielle et banale, dans tout ce qui montre le fond de l’être, il apparaît, à travers les déchirures de sa verve, un ignoble mufle. Les amusements idiots et méchants de quelques petits vicieux, le scepticisme même de quelques enfants avertissent que le mondain au corps soigné, au langage léger, à l’âme pourrie, ne disparaîtra pas avec la présente gé-