Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/212

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vraiment trop d’exaltation. « L’amitié — affirme-t-elle — est purement et simplement de la camaraderie, autrement dit une intimité d’occasion et de surface. » Montaigne, autrement habile pourtant à distinguer les mensonges et les faux-semblants, doit dire à La Boétie que certains sceptiques sont de parfaits imbéciles. La Fontaine, à qui on n’en faisait guère accroire non plus, doit plaindre cette pauvre demoiselle qui, n’ayant point trouvé le Monomotapa au faubourg Saint-Germain, nie tranquillement l’existence de la lointaine et douce contrée.

Cette personne, dont le myope bon sens prend des airs si agressifs, est d’ailleurs le plus ridicule des snobs. Elle croit à « l’âme de l’armée », le pantalon rouge l’émeut et un titre de duc l’éblouit. Une des héroïnes qui la représentent est aux anges d’épouser l’ex-amant d’une grande dame, délire de joie à l’idée de « succéder à une princesse ».

L’esprit de Marie-Anne de Bovet amuse un instant, à la première rencontre. L’idée d’une seconde conversation est redoutable. Nulle ne se répète davantage. Les « énormités » qu’elle lance à la tête des gens sont peu nombreuses et chacune lui a servi une bonne dizaine de fois. On retrouve tout le stock dans chacun de ses prétendus romans, et elle les détailla en chroniques dans la Fronde. Parfois elle se recopie textuellement. Quand elle a l’hypocrisie de se démarquer, la