Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/23

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hésitante, les mots : « Maître !… maîtresse !… » cependant que Rachilde, droite, méprisante, hausserait la tête en un orgueil qui ne serait pas tout à fait grotesque.

Car Rachilde a reçu des dons considérables et, malgré les circonstances déformantes et enlaidissantes, elle conserve de beaux restes.

Rachilde a le malheur d’être perdue au milieu des petites-maîtresses du Mercure de France. Il fallait un mâle à toutes ces parfumées. Rachilde, plus virile que ces chaussettes-roses, fut condamnée à être l’homme de la bande, le pacha du harem.

Malgré le rôle burlesque qui lui est imposé, il y en a de plus ridicules dans sa troupe.

Rachilde a cette éloquence passionnée, abondante, quoique faite de cris rapides et sans suite, qui est le fond de beaucoup de talents féminins. Le génie de la femme semble surtout lyrique ; je veux dire puissant, mais court et désordonné.

La femme, même supérieure, s’ignore presque toujours elle et les limites de ses forces. Bavarde, elle prend l’abondance verbale pour la fécondité mentale et elle aspire à produire des œuvres longues. Voyez plutôt Catulle Mendès et ses inepties diffuses.

Certes, Mme Rachilde est moins femme que Mendès :