Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle a beaucoup moins de souplesse, un peu moins de verbosité, peut-être aussi un peu plus de solidité et de pensée. Mais elles ont des points communs : perversité réelle et pose de perversité ; imagination amusante parfois, souvent absurde ; romantisme fougueux dans le mot, dans la phrase, dans la composition. Catulle m’apparaît la souillon de Hugo. Rachilde, déjà à moitié folle avant la rencontre de cette poésie trop forte pour elle, coucha peut-être une nuit entre Edgar Poë et Baudelaire. J’espère mieux pour leur prochaine existence : je rêve Mendès femme de Rachilde.

L’expression, chez Rachilde, est souvent évocatrice. Elle excelle à certains tableaux moitié de réalité, moitié de cauchemar et telles de ses pages sont des puissances frissonnantes, quoique l’artifice toujours soit visible. Il lui arrive de nous secouer d’une émotion brusque, presque mélodramatique et pourtant presque poétique.

Même les subtilités de sa pensée, indifférentes le plus souvent, ne sont pas toujours absolument méprisables.

Mais pourquoi cette lyrique sombre, qui pourrait écrire de belles proses concentrées, s’applique-t-elle à fabriquer des romans ? Je préfère ses contes, encore