Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/33

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toir vous trouverez un grand assortiment de rossignols : ridicules feuilletons, illisibles romans historiques, idylles naïves, — oh ! oui, — où les paysannes reprochent aux paysans d’« éluder » telle « réponse directe. » Malgré sa virilité, cette amazone a, comme beaucoup d’autres, l’abondance fade et dégoûtante. Elle me fait penser à quelque paradoxale brebis, — suis-je poli aujourd’hui ! — qui répandrait partout sur son passage des flots de petit-lait.

Cette Cassot possède, à un degré éminent, toutes les admirables qualités du bas-bleu. Elle a, autant que n’importe quel orateur politique, le génie de l’imprécision. Le bavard précipite les premiers mots qui se présentent et, comme les petits germes de pensée qu’il expulse ne sont encore que de vagues gélatines, il a peut-être raison d’exprimer au hasard ce banal inexprimable. J’applaudis Cécile chaque fois qu’elle déclare que « c’est un non-sens » d’aimer celui-ci ou celle-là, et je fus charmé le jour où elle entendit une « voix métallique » qui « contenait des grondements intempestifs ».

Le génie du pléonasme est aussi pour beaucoup dans la puissance des bavards. La Cassot ne dit guère : « Cela ne se pouvait pas » sans ajouter : « Cela ne pouvait pas être. » Elle écrit avec sérénité : « Tes ennuis, je les éprouve, puisque je les partage. » Elle m’amuse surtout quand elle s’applique : « Ma pensée ne serait-elle