Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/35

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la brèche du caprice », « petite âme de Slave à la fois cruelle et dominatrice », « figure muette sans écho », qui « devait planer comme une ombre » et qui « avait dû boire le lait d’une tigresse ». Sachez encore qu’elle « possédait un immense orgueil, prêt à damer le pion » même à l’orgueil nobiliaire, et que « le comte avait en elle à la fois un camarade, un ami, un bouffon, une fille et une compagne». Madame Cassot, qui dut être, j’imagine, une institutrice au style incorrect et aux manières timides, s’effare devant cette « nature violente, emportée », et conclut le portrait par cette ligne infiniment instructive : « Cette fille, c’était l’inconnu. »

Hélas ! il y a le Slave conventionnel, comme il y a l’Anglais de vaudeville ou l’Italien romantique, et les romanciers de tous sexes, hommes, femmes ou suisses. Barbey d’Aurevilly, Henry Gréville ou Cherbuliez, le font parader avec joie, parce que, paraît-il, sa psychologie ondoyante supprime l’impossible et l’invraisemblable. Le Slave de convention se divise en deux types principaux : le Polonais, très en dehors, Gascon de l’Orient : le Russe, dont la folie est plus rêveusement inquiète. Les deux arbres sont bizarres et indéterminés, le premier surtout par les découpures inattendues de ses feuilles, toujours agitées et bruissantes, le second