Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/38

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peut-être de la Dorian, qu’elle vaut mille fois, mais que son snobisme doit respecter sous deux prétextes (Tola Dorian est presque célèbre et elle pourrait signer princesse Mestchersky), applique à une de ses héroïnes le vers de Slowacki :

Ô flot… flot infidèle, et pourtant si fidèle.

Je songe au « Perfide comme l’onde », et je me demande si les hâtifs donneurs d’explications auraient raison et si l’âme slave serait particulièrement féminine.

Je n’en crois rien. Tolstoï, Dostoiewski, combien d’autres encore, m’apparaissent singulièrement plus virils que nos chaussettes-roses, aussi virils que les plus puissants de nos hommes. Mais il est commode à notre paresse de déclarer mystérieux la femme et le Slave. Et je ne m’étonne pas qu’une femme soit flattée d’être un mystère « greffé » sur un mystère. La petite vanité des Tola Dorian et l’inertie intellectuelle des Camée échangent des sourires bienveillants.

Je n’essaierai point de définir l’âme slave. Question trop éloignée de mon sujet, et que je n’ai guère étudiée. Les Cassot ou même les Henry Gréville ne me seraient pas d’un grand secours pour la résoudre.

Je vais continuer, modeste, ma tentative de déterminer un peu l’âme et l’esprit d’une certaine femme slave, l’âme et l’esprit de Mme Tola Dorian.