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le massacre des amazones.


    Ils ignorent la terre où dormiront leurs os :
    Ta race est un collier d’où s’égrènent les perles
    Qui roulent sur le sable, ou sombrent sous les flots.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .



    Le mur de leur orgueil est l’horizon sans borne
    Dont leur âme est l’oiseau superbe et plein de cris.

    Père des sans-famillle et de ceux que l’on chasse
    De peur de voir leurs yeux braqués sur les clartés,
    D’entendre leurs clairons creux, emplis de menace,
    — Josués de nouveaux Jérichos, — quoi qu’on fasse,
    Sonner l’écroulement des fétides cités ;

    Viens nous frayer, ô Toi, maudit par les Ancêtres,
    Enfant d’Agar, superbe esclave, égal aux rois,
    Des sentiers inconnus vers des plaines sans Maîtres,
    Ô Pasteur du troupeau libre et puissant des Êtres
    Que jamais n’effleura nulle honte et nul poids.


Malgré la construction peu aimable de la dernière période, malgré ces vocatifs inharmonieusement dispersés, chevaux attelés devant la charette, attachés derrière, montés dedans ; malgré des termes impropres, et de malheureuses recherches d’effets (quelle absurde antithèse que ce « troupeau libre et puissant ! » ) : j’admire le mouvement lyrique et certains détails de cette pièce. Et je m’élance à des espoirs, vite déçus, quand j’entends d’autres cris de révolte : Tola Dorian ne retrouve jamais cette éloquence directe et cette