Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/41

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poésie simple. Partout ailleurs, elle s’amuse à d’irritantes subtilités de pensée, de vocabulaire ou de rythme.

Si elle se disait avec moins de prétention et de recherche, je crois que Mme Dorian nous intéresserait aussi par certains accablements mélancoliques. Ici je ne puis rien citer à l’appui de mon sentiment : cette tristesse, que je crois deviner sincère et d’une nuance un peu nouvelle, je ne la trouve nulle part exprimée sincèrement. Toujours le cabotinisme des mots choisis pour leur étrangeté, des phrases tordues en poses impossibles, des allitérations cliquetantes. Car cette éphémère directrice de théâtre fut toujours cabotine, ne permit guère à ses douleurs les plus senties de s’exprimer spontanément. Ses vers, qu’elle offre pieusement « aux Mémoires de ce qui ne fut pas », ont presque toujours la profondeur limpide de la dédicace.

Souvent ils coulent puérils et brillants en litanies interminables, hérissées de majuscules, colliers dénoués de verroteries grossières, aux formes bizarres, mal arrondies. Naturellement, il ne faut chercher aucune pensée dans les pièces composées de la sorte. C’est un cliquetis de mots singuliers, un chatoiement de rythmes étranges : — capharnaüm de clinquants, de cailloux rares, de perles fausses, au milieu desquels joue un enfant barbare.

Voici deux des musiques rauques et une des pauvres