Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/74

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que le romancier. Peut-être même serait-il intéressant, s’il était un moins parfait disciple. Mais il imite trop correctement et trop froidement les menues psychologies de Sully-Prud’homme, les grandes historiettes de Leconte de Lisle, et même les petites histoires de l’illustre prosopoète François Coppée :


Un garde de Paris, par le froid étonné,
Se tient, raide et muet, et grave, sur sa selle.


Quelquefois aussi elle bouche soigneusement de l’eau dans des bouteilles de champagne et de froids raisonnements dans la strophe romantique de douze vers ; ou, écoutant deux voix, celle de Paris et celle de l’Océan, elle nous sert du Hugo refroidi et banalisé. D’autres jours, à cheval et cravache à la main, elle débite, d’un ton délibéré, du Musset mondain trop richement rimé.


Que faut-il donc de plus pour que l’âme se grise ?
Un bon cheval, un soir embaumé, vaporeux,
Un charmant tête-à-tête obtenu par surprise,
Un horizon lointain qui pâlit et s’irise,
Et la rouge bruyère au bord du chemin creux.


Le plus souvent, elle fabrique du parnasse historique, et surtout du parnasse philosophique, sages dissertations bien correctes, bien plates, où les abstractions sont exprimées directement, sans même l’élégance de