leur cherche pas querelle quand ils comptent « visions » pour deux syllabes et a mystérieux » pour trois ; mais je suis choqué quand ils me forcent à prononcer « paisan » ou à frémir en lisant un vers faux :
Se courbent des paysans sous leurs larges chapeaux.
Si je devais parler de Jacques Nervat, je lui ferais, très intéressé, beaucoup d’éloges et beaucoup de reproches. Il a une imagination gasconne qui dépasse souvent mais qui m’amuse toujours. INon sans quelque honte, j’aime presque ceci :
Et le soleil fait ruisseler des pièces d’or
vers la bourse tendue du vieux saule penché.
Mon sourire est plus incertain, hésite entre l’approbation et l’ironie, quand je rencontre :
Sa bouche est la margelle de mon puits de joie
où tombent les cailloux de ses éclats de rire.
L’ironie l’emporte décidément, quand on me montre, trop ingénieux, un martin-pêcheur qui « tisse de la clarté avec l’aiguille bleue de son essor ».
Marie Causse imite timidement et docilement ce défaut ; mais, à l’éclat du plein jour, son imagination préfère les douceurs nocturnes :
Et mon teint pâle comme un clair de lune,
sera la nef d’argent dans la mer de tes nuits.