Page:Ryner - Le Présent du berger, paru dans Le Radical, 17 mai 1914.djvu/12

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vin cuit, ce qui ne lui était plus arrivé depuis longtemps. Ensuite, sa pipe à la bouche, il appelait des pensées qui ne voulaient pas venir et il en chassait qui revenaient.

À onze heures, c’était décidé, il partirait pour l’église. Au passage, il regarderait s’il y avait de la lumière et du nouveau chez les Esclan.

L’image du petit orphelin qui allait entrer dans une vie si sombre se mêlait dans l’esprit de Londas tantôt à l’image de la Bonne-Mère battue par la tempête et qu’il ne pouvait secourir, tantôt à la vision de l’enfant Jésus né dans une crèche pour aller, à travers les persécutions, vers le supplice de la croix.

Dimanche dernier, au sortir de la messe, Bernard s’était arrêté près du porche de l’église, devant la crèche où l’enfant rayonnait dans la paille radieuse, où le bœuf et l’âne soufflaient pour le réchauffer, où Marie et Joseph penchaient vers lui leurs douces