Page:Ryner - Le Présent du berger, paru dans Le Radical, 17 mai 1914.djvu/11

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il n’y avait pas d’hiver cette année-là. Sans doute, il eût été imprudent pour le vieillard de passer les nuits entières sur la Bonne-Mère. Mais le jour, quelle douceur de s’y étendre paresseusement au soleil. Même le soir, après la soupe, il semblait bon d’y venir fumer la pipe en rêvant.

Hélas ! le remords, de moins en moins vague, troublait ces humbles plaisirs.

Ce 24 décembre, le vieillard était vraiment soucieux. Il songeait à la Marie beaucoup plus qu’il ne l’aurait voulu. Il avait entendu dire que l’enfant ne pouvait plus tarder.

Il se disait :

— Ça serait drôle, tout de même, si ce petit venait cette nuit, comme l’enfant Jésus.

Le soir, après un repas moins léger qu’à l’ordinaire, — dame ! c’était le jour du « gros souper », — il avait bu un verre de