Page:Ryner - Le Présent du berger, paru dans Le Radical, 17 mai 1914.djvu/7

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Pourtant, il y a un mois, vers la fin novembre, il avait eu peut-être devant une proposition nouvelle une seconde d’hésitation. Voici les circonstances qui l’avaient rendu peut-être hésitant une seconde :

La barque Les Deux-Frères avait sombré dans une tempête et Marius Esclan, l’un des frères qui la montaient et auxquels elle devait son nom, s’était noyé. Pierre, le survivant, était veuf avec cinq enfants. Il avait recueilli sa belle-sœur, la Marie, chargée elle-même de trois enfants et sur le point d’être mère pour la quatrième fois. Comment donner la becquée à tout ce petit monde, maintenant que le gagne-pain était perdu ?…

Pierre était venu avec la pauvre femme, avec ses enfants maigres, avec les orphelins aux yeux rougis. Il avait dit à l’ancien pêcheur :