Page:Ryner - Le Présent du berger, paru dans Le Radical, 17 mai 1914.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— La Bonne-Mère, à quoi elle te sert ?… Nous, elle nous sauverait. Vois-tu, il faut être bon pour les malheureux qui ne demandent qu’à travailler et à rester honnêtes. Il faut me la vendre ou me la prêter. J’ai pas d’argent pour te payer. Mais tu me connais, tu sais que je suis pas capable de faire perdre un centime même à un riche. Je te donnerai ta part de pêche.

Le vieillard avait eu un froncement de sourcils. Et il avait presque crié :

— J’ai pas besoin de ta pêche. Quand je veux manger du poisson, j’en prends à la nasse.

Il criait presque et sa voix était dure parce qu’une grande pitié, à la vue de ces êtres aimables, touchait son cœur de brave homme et parce qu’il avait eu un moment presque peur de céder.

Il était furieux contre lui-même.

Et il criait tout à fait maintenant :

— Tu vois donc pas que j’en mourrais !