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Page:Ryner - Les Chrétiens et les Philosophes, 1906.djvu/104

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théophile

Je crois en Dieu…


épictète

Vous entendez ?


théophile

Le Père tout-puissant..


épictète

C’est Jupiter.


théophile

Non, non.


historicus, derrière Théophile, lui pinçant le bras.

Tais-toi. Tu as promis.


quelques-uns dans la foule

Il a blasphémé Jupiter.

Théophile entre en une sorte d’extase. Enfermé dans la profession ardente de sa foi, il n’entend plus le sens des paroles qu’on lui dit. Comme en un jour de trouble joyeux on jette en quelque coin où on les retrouvera demain les épîtres d’affaires, son esprit repousse en je ne sais quelle partie obscure les sons qu’il entendra et comprendra plus tard. Mais Théophile se tait mécaniquement dès qu’un autre parle et mécaniquement, dès que le silence se fait, il continue le symbole.


épictète

Non, le chrétien n’a pas blasphémé. Il ne dit pas Jupiter. Mais les Grecs disent Zeus, et vous ne les croyez pas ennemis des dieux. Ils proclament Héra au lieu de Junon et ils nomment Minerve Athéné ou Athéna. Nous ne les injurions pas pour des différences qui ne sont que dans les mots. Celui-ci dit : « le Père tout puissant. « Et nous, ne disons-nous pas quelquefois : « Le Père des dieux et des hommes » ?