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Page:Ryner - Les Chrétiens et les Philosophes, 1906.djvu/119

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sers nient tout en affirmant. Tu adores des soleils faits de ténèbres et ton ineptie allume ou éteint — on ne sait comment exprimer de telles folies — des astres noirs. Et, parce que je refuse de répéter avec ferveur des paroles contradictoires, tu m’accuses de mauvaise foi.


théophile

J’ai tort de t’accuser au lieu de m’accuser moi-même. Mon Dieu me trouve indigne et mes fautes m’ont privé de la force qui t’éclairerait. Mais tu es coupable quand tu railles les choses saintes.


épictète

Tu injuries les dieux grossiers du peuple par amour pour ton Dieu. J’injurie ton Dieu fou par amour pour la raison. Le divin veut que je repousse les caricatures auxquelles on ose donner son nom.


théophile

Pour ce qui est des mystères, tu ne les comprendras jamais. Mais tu y croiras le jour où Dieu daignera t’envoyer sa grâce.


épictète

La grâce de déraisonner. Merci.


théophile

La folie de la croix vaut mieux que la sagesse du monde.


épictète

Si tu veux dire que l’amour et le sacrifice sont plus beaux que les calculs intéressés, nous sommes d’accord. Mais j’aime la beauté et tu adores je ne sais quelle laideur intellectuelle. Je me livre tout entier à la volonté de mon Dieu qui est Harmonie et Loi. Toi tu te livres à un Dieu qui est Caprice et Déraison.