Page:Ryner - Les Chrétiens et les Philosophes, 1906.djvu/118

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j’ai menti devant la foule, sans le savoir ; j’ai donné un sens à des paroles qui n’en avaient point. Je fus l’écolier trop ingénieux. Le maître, plein de malice, lui donne à tourner en latin des mots grecs rapprochés au hasard et qui ne forment point une phrase. Or le disciple a des besoins de logique et de clarté. Il aperçoit une lueur fausse et en éclaire toute l’étendue. Il donne un sens qui vient de lui et s’affirme qu’il l’a découvert dans les mots discordants. Mais le maître rit dans sa malice et taquine de paroles amusantes l’écolier trop ingénieux. Je mérite de telles taquineries. J’ai eu la naïveté de prendre une religion pour une philosophie et de croire que les paroles d’un enfant superstitieux avaient un sens comme les paroies d’un homme raisonnable. Pardonne-moi, Théophile, cette erreur lourde, mais que je confesse.


théophile

Mon Dieu ne te pardonnera ni tes railleries ni ta résistance à la lumière,


épictète

Quelle lumière ?


théophile

La vérité est telle que le soleil. On les voit, on ne les démontre pas. Mais les hommes de mauvaise foi nient ce que voient leurs yeux.


épictète

Tu te contredis, ô délicieux Théophile. Tu parlais tout à l’heure de vérités supérieures à la raison.


théophile

Oui, nos saints mystères.


épictète

Tes saints mystères, comme tu dis, sont des soleils que tu affirmes, mais qu’on ne peut voir. Ou plutôt les mots dont tu te