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Page:Ryner - Les Chrétiens et les Philosophes, 1906.djvu/159

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historicus

C’est le métier de l’historien… Il y a, plus intéressant que le Jésus que tu adores, le Jésus qui est né comme les autres enfants, qui a vécu comme les autres hommes purs, qui est mort comme Socrate ou Thraséas, qui n’est pas ressuscité plus qu’eux.


théophile

Tu dis des paroles odieuses.


historicus

Et ce Jésus, que j’aime depuis qu’un de tes frères m’a fait lire la Bonne Nouvelle, je ne le connaîtrai jamais.


arrien

Pourquoi ?


historicus

Parce que je n’étais pas auprès de lui.


arrien

Je ne comprends pas…


historicus

Aucun de ceux qui l’approchèrent n’a su voir sa véritable beauté ; aucun n’a deviné l’importance historique que pouvait prendre son fantôme ; et nul n’a écrit son histoire.


théophile

Tu mens et tu sais que tu mens. Puisque tu as lu la Bonne Nouvelle.


historicus

La Bonne Nouvelle est l’histoire de l’autre, du Jésus que vous imaginez, du Transfiguré que votre éblouissement amoureux entoure d’une lumière d’apothéose. C’est l’histoire du dieu qui se créait dans l’esprit de Pierre, et de Jacques, et du crédule Thomas. Ce n’est pas l’histoire de l’homme que j’aime.