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Page:Ryner - Les Chrétiens et les Philosophes, 1906.djvu/161

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sommets l’architecture immatérielle de ses temples sereins. Ainsi Épictète dit à César : « J’ai un domaine où tu ne pénétreras point ». Mais les disciples au lieu de songer à l’âme, riche royaume fermé, plus fleuri que tous les jardins et plus imprenable que toutes les citadelles, voyaient, avec des yeux grotesques et éblouis, je ne sais quel monde réel où Jésus serait roi et où ils jouiraient, eux, pendant mille ans ou pendant l’éternité, de voluptés et d’honneurs semblables aux plaisirs d’Hérode et aux manteaux d’Hérode.


théophile

De quel droit nous arraches-tu des promesses certaines ?


historicus

Jésus a dit devant des oreilles aussi fermées que les tiennes : « Que servirait à un homme de gagner tout le monde, s’il perdait son âme ? »


théophile

Parce que perdre son âme c’est perdre le royaume de Dieu.


historicus

Voici que tu parles bien, toi qui comprends mal. Le royaume de Dieu c’est le seul royaume de l’âme, c’est la liberté et la richesse intérieures. C’est ce qu’Épictète, avec des similitudes qu’Arrien n’a pas la sottise de prendre à la lettre, appelle l’opulence du sage et la royauté du sage.


théophile

Je te dis…


arrien

Tais-toi, Théophile. On devine, sans que tu la dises, ta traduction lourde, ta traduction à quatre pattes et sans ailes.