la justice. Précisément, en voici un qui arrive derrière moi. C’est leur chef, c’est le chef de la révolte. Change d’abord Félicion en esclave fidèle et, avec son aide, tu changeras facilement les autres.
Tu me reconnais peut-être, Épictète. À Rome, quand j’avais une heure de loisir, j’accourais t’écouter. Tu es mon maître, non celui-ci. Car tu m’as enseigné cette parole de Socrate : « De quelque part que vienne un ordre, dès qu’il s’appuie sur la force non sur la persuasion, il est un acte de violence, non une loi. » Or celui-ci n’a jamais donné que des ordres soutenus par la force. Mais toi, tu dis la vérité et celui qui est capable de comprendre s’en va persuadé. Celui-ci est un César au gros ventre, un Vitellius méchant et risible. Mais toi, tu es le héraut des dieux, les seuls législateurs.
Philosophe Félicion, quel débat peut-il y avoir entre toi que ton âme, malgré les apparences, fait homme libre, et l’esclave Porcus ?
Les étranges façons de parler !
Cet être de nature servile se prétend mon maître et le maître de mes compagnons.
Oui, la loi me proclame votre maître. Et il est juste d’obéir à la loi. Explique-lui, Épictète, que la justice est fille de la loi.
Tu te trompes. La loi est fille de la justice. Et, si tu appelles lois des filles de la force, tu mens.