Page:Ryner - Les Chrétiens et les Philosophes, 1906.djvu/175

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porcus

Les juges me donneraient raison. Donc la loi est pour moi. Si tu es juste, Épictète, parle comme un juge.


épictète

Malheureux, toutes tes pensées ne sont que terre et que boue. Tu ne regardes que ces misérables lois humaines qui sont les lois des morts. Mais tu ne portes jamais ta vue sur les lois qui viennent des dieux et qui commandent aux intelligences.


porcus

Il n’y a pas de dieux.


serenus

Tu dis la vérité, Porcus, et c’est le hasard qui règle toutes choses. Le hasard t’avait donné ces hommes. Le hasard te les reprend. Qu’as-tu à dire à cela ?


porcus

J’ai à dire que ces hommes sont à moi par les lois, que leurs pères appartenaient à mon père, qu’ils sont nés sur mes domaines, que je les ai nourris.


serenus

Tu les as nourris avec les fruits de ton travail, sans doute ?..


porcus

Tu dis des sottises.


félicion

C’est nous qui t’avons nourri. C’est nous qui sommes tes créanciers. Et tu es insolvable comme un porc vivant. Si nous n’écoutions que la justice, nous aurions le droit de te tuer.


épictète

La folie crée des criminels qui méritent la mort, mais la sagesse ne crée point de bourreaux. Quiconque fait violence à