travaillent pas seuls ; il faut leur adjoindre des instruments vivants. Avant d’exister, et pendant sa durée laborieuse, et après qu’il est usé et a besoin d’être remplacé, toujours l’outil nécessite l’esclave.
L’outil suppose quelqu’un qui l’a fabriqué et quelqu’un qui s’en serve. Que celui qui désire les fruits du travail travaille.
Tu ris, Épictète, et tu n’imagines pas le sénateur Caïus Trufer se fatiguant à un labeur servile.
Non, on n’imagine pas un Porcus utile, même à lui seul.
Les statues de Dédale et les trépieds de Vulcain, au dire des poètes, se rendaient d’eux-mêmes à l’assemblée des dieux. Donnez-moi des outils semblables qui entendent mes ordres et les exécutent d’eux-mêmes ; alors je pourrai peut-être affranchir mes serviteurs. Mais tant que la charrue ne laboure pas et ne sème pas sans aide, tant que l’archet ne chante pas seul sur la cithare, il me faut des esclaves.
Mange du gland si tu veux, Porcus, et entends, si tu peux, la voix du rossignol.
Ou bien apprends la musique et conduis ta charrue.
Tu es deux fois folle. D’ailleurs, même si les outils travaillaient seuls, il faudrait encore pour que la cité existe, qu’il y ait une hiérarchie, qu’il y ait des maîtres et des esclaves.