Conte-nous donc, Félicion, ce qui s’est passé entre toi et Porcus. Seuls, les faits m’intéressent réellement.
Porcus était un césar capricieux et méchant. Quelquefois il nous donnait trop de choses à manger et il s’irritait parce que nous ne mangions pas tout. Ensuite il ne nous donnait rien, et il exigeait que nous mangions le poisson gâté et les viandes pourries. Ou bien il nous laissait jeûner un jour entier. Si quelqu’un de nous murmurait il lui faisait donner le fouet, ou le faisait mettre aux fers, ou le faisait jeter vivant aux murènes.
Tu mens. Ma maison est une maison bien réglée. Sauf deux ou trois fois, et pour des insolences graves, je n’ai jamais jeté aux murènes que de vieux esclaves qui n’étaient plus bons à rien.
Vous entendez.
J’ai le droit de punir, puisque je suis le maître. Et c’est mon devoir d’utiliser tout. Sans quoi, les plus belles fortunes s’effondrent vite.
Tais-toi, bête féroce. Laisse parler les hommes.
Ô mon frère, Dieu veut que l’esclave obéisse au maître. Mais il désire que le maître soit doux à l’esclave. Repens-toi, ou il te punira.
Rends-moi mes esclaves, et je me repentirai.