Quel lâche ose blâmer Rusticus parce qu’il a dit la vérité ? Thraséas fut un citoyen très vertueux, en effet. Il montrait toujours aux yeux furieux de Néron le front sévère d’un censeur, et son courage lui coûta la vie.
Sa femme fut plus brave que lui. Il semblait hésiter devant la mort. Mais elle saisit un poignard, se frappa le sein. Et, cependant qu’elle tombait, elle tendit au bien-aimé l’arme parfumée d’amour et d’exemple : « Mon cher Pœtus, dit-elle, cela ne fait point de mal. »
Tu te trompes, Serena. Thraséas n’hésita point devant la mort, et tu donnes à Alexandre ce qui appartient à Philippe. La femme de Thraséas fut d’un courage admirable. Malgré les prières de son époux, elle voulut mourir avec lui et se fit ouvrir les veines. Mais le mot immortel que tu as rapporté est plus ancien.
De qui est-il donc.
Il fut prononcé par la première Arria, la mère de celle à qui tu l’attribues.
Non, Thraséas n’hésita point devant la mort et sa fin ne me paraît comparable qu’à celle de Socrate. Ah ! mon Arrien, toi qui a l’ambition d’écrire, voici une matière autrement émouvante et ennoblissante que les guerres d’Alexandre. L’histoire généreuse offre l’occasion d’un nouveau Phédon. Les jardins où Thraséas et Démétrius, le dernier peut-être qui fut digne du grand nom de cynique, s’entretinrent touchant la nature de