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Page:Ryner - Les Chrétiens et les Philosophes, 1906.djvu/196

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viens que pour te taire. — Ne me demande pas mon avis, et je me tairai. — Mais, objecta César, si tu es présent, je ne puis me dispenser de te demander ton avis. — Et moi, répartit Helvidius, je ne puis me dispenser de répondre ce qui me paraît juste. — Si tu parles, je te ferai mourir. » Mais Helvidius, souriant : « Quand t’ai-je dit que je fusse immortel ? Nous ferons tous deux ce qui dépendra de nous : tu me feras mourir et moi je souffrirai la mort sans me plaindre. »


le petit carnéade

Que gagna par là Helvidius, puisqu’il était seul de son avis ?


épictète

Que gagne la pourpre qui est seule sur une tunique ? Elle l’orne, l’embellit et elle donne envie d’être beau.


serena

Ces hommes et ces femmes ne sont pas vertueux aux yeux du Petit Carnéade. L’homme vertueux, pour lui, c’est Porcus, tant que Porcus a de l’argent et peut vider du falerne dans l’outre qui sert de ventre à l’académicien.


porcus

Mais j’ai toujours de l’argent. Je viens de calculer. Hélas ! je perds le vingtième de mes biens. Ô volupté, ô falerne, ô viandes farcies, ô éphèbes aux formes sobres et musiciennes grassement savoureuses, réjouissez-vous dans mon avenir, il me reste les dix-neuf vingtièmes de mes biens immenses. Il me reste de quoi m’imbiber de joie comme une éponge au fond d’une amphore pleine. Et je puis réjouir, au delà de leurs rêves, tous les vrais philosophes, comme Fluctus, mon irréel ami, et le Petit Carnéade, mon ami vraisemblable.


fluctus

Dans l’irréalité flottante de tout le reste, une lumière fixe me paraît briller comme, derrière les brumes, le soleil. Porcus, si