Platon n’a pas inventé la mort de Socrate.
Il a pu inventer le refus de s’évader.
Je crois qu’il a seulement imaginé les raisons du refus. Nous connaissons des paroles de Socrate contre les lois injustes. Nous savons qu’il appelait injuste toute loi qui emploie la force au lieu d’instruire et de persuader. Il distinguait toujours entre les lois écrites et les lois non écrites. C’est à ces dernières qu’il ordonnait d’obéir. Mais il savait, que notre vie ne dépend pas de nous, qu’elle n’est pas un vrai bien, que le sage la compte au nombre des choses indifférentes. Et il laissa les circonstances disposer de sa vie.
Il n’est pas mort indifférent, il est mort joyeux.
Joyeux comme un matelot dont le navire vogue vers de l’espérance. Peut-être aussi il croyait sa mort utile à sa doctrine..
Sa doctrine, c’est l’obéissance à la loi.
À la Loi, oui, mais non pas aux lois. À la loi non écrite, à la justice ennemie de tout ordre appuyé sur la force. Le sage subit la violence légale avec le même dédain que les autres violences. Socrate est un soldat courageux mort pour ne pas reculer. N’en fais pas je ne sais quel soldat imbécile qui mourrait pour faire plaisir à l’ennemi.