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Page:Ryner - Les Chrétiens et les Philosophes, 1906.djvu/206

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porcus

Vous croyez que je vais me remplir de pain et d’olives ? J’aimerais mieux jeûner.


serenus

Tu aurais raison. Demain le pain et les olives te paraîtraient meilleurs.


porcus

Je vais, sans m’arrêter, jusqu’à Ostie. On m’y connaît. J’y emprunterai les sommes que je voudrai… Venez-vous, Fluctus et toi, Petit Carnéade ? Nous dînerons dans l’abondance et nous passerons la nuit avec des courtisanes et des éphèbes.


serenus

Si les soldats et les magistrats y consentent.


porcus

J’ai assez d’or sur moi pour qu’ils veuillent ce que je veux.


fluctus

Hâtons-nous, délicieux Porcus, de quitter ces bavards qui ignorent le rire. Voici que déjà il fait nuit et leurs paroles vont ressembler à des chants de hiboux.


porcus

Ah ! que j’ai les jambes lasses. Et cet infâme Félicion a vendu ma litière. Et les misérables esclaves qui devraient me porter, où sont-ils maintenant ?..


fluctus

Monte sur le dos robuste de mon irréalité et, comme une femme amoureuse, je ploierai sous un poids de joie.


porcus

Mais mon irréalité, pour parler le plaisant langage de l’aimable Fluctus, est bien lourdement réelle.