manteau d’indifférence. Et aussi celui qui ne connait d’autre moyen de se délivrer de l’erreur que de s’abstenir de toute affirmation ; celui qui n’est pas, comme Fluctus, la parodie de Pyrrhon, mais le disciple de Pyrrhon. Et toi, Épictète, toi que j’aime et que je voudrais imiter, tu sais le plus sûr et le plus noble de tous les remèdes. Ton indifférence n’est pas le manteau douillet de Serenus ; elle est une armure dédaigneuse et sans défaut. Debout tu cries que tu n’es pas vaincu. Et tu n’es pas vaincu, en effet, ô Léonidas des philosophes, toi qui peux mourir mais non reculer, toi qu’on dépouille d’une patrie que tu méprises et de richesses dont tu ris.
Fais-toi historien, Félicion. Tu penses trop clairement et trop richement pour n’être qu’un philosophe.
Mais la vérité, c’est autre chose que ce que vous cherchez les uns et les autres. La vérité, c’est Platon. La vérité, c’est la victoire. Et nous sommes tous aujourd’hui des façons élégantes ou généreuses de subir la défaite et de la limiter. Pardonne-moi, Épictète, si je blasphème ; mais, par instants, il me semble qu’il vaudrait mieux nier aujourd’hui…
C’est ce que nous faisons en ce qui dépend de nous.
… Nier aujourd’hui et préparer la revanche de demain en recueillant précieusement les dires des anciens.
Tu ne sais plus ce que tu dis. Indépendance ou servitude, c’est comme l’atmosphère dans laquelle vit un peuple. La Grèce soumise est une contrée subitement refroidie et qui ne peut plus produire les mêmes arbres et les mêmes fruits. Sa philo-