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épictète

Mon pain me suffira.

La jeune femme s’incline et, se tournant vers Arrien assis auprès de son maître, lui présente la corbeille. Arrien prend une figue.


serena

Prends-en encore.


arrien

Non. Je te remercie. J’ai pris une figue parce que je me trouve trop jeune et trop ignorant pour me permettre un refus absolu. Mais je n’en mangerai pas davantage.

Serena vide la corbeille sur les genoux d’Arrien et s’éloigne en riant. Le jeune homme rougit. Il n’ose pas dire à un esclave de remporter les fruits. À l’exception de celui qu’il a pris lui-même, il les pose tous sur la pierre entre lui et Epictète.
L’épicurienne sert son ami, prend elle-même quelques figues et un petit pain. Puis elle appelle les esclaves.


serena

Reprenez ces pains superflus et ces figues inutiles. Mangez-les, si vous voulez, ou rapportez-les à votre maître.


un esclave

Si nous les mangeons, Caïus Trufer nous fera fouetter.


serena

Non. Il nous a donné tout ceci, et nous vous le donnons. Car il ne sait pas mesurer nos besoins et nous savons mesurer les vôtres.

Les esclaves emportent le tout à peu de distance. Ils mangent en riant et en jouant grossièrement. Ils se bousculent, se roulent sur l’herbe, s’embrassent. Mais bientôt,