Page:Ryner - Les Chrétiens et les Philosophes, 1906.djvu/72

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fluctus

Irréels et flottants, nuages nous-mêmes et vaines apparences, nous sommes continuellement dispersés et groupés par l’irréalité heureuse des zéphyrs. Mais toi, spectre blanc, aussi irréel que désagréable, évanouis-toi pour laisser occuper tout notre horizon par les fantasmagories plaisantes.


théophile

Ô sépulcres qui n’êtes même pas blanchis, vous portez la laideur grimaçante de la mort et du néant aussi bien que leur puanteur. Je m’éloigne en secouant vers vous la poussière de mes sandales. Malheur à vous qui riez dans le temps, car vous pleurerez dans l’éternité.


le petit carnéade

Ce sera vraisemblablement moins ennuyeux que de t’entendre.

Les chrétiens continuent leur route vers le bourg. Les ivrognes et Historicus se dirigent vers le bosquet.


fluctus

Ah ! te revoilà, Épictète. Tu es plus laid, plus boiteux et plus menteur que la vérité même. Écoute seulement deux ou trois tropes et tu sentiras fuir toutes tes certitudes et tu te sentiras toi-même fuir de tous côtés dans l’irréalité de l’espace. Je vais te détruire en moins de temps qu’il n’en faut pour nier le temps.

Il prend le manteau d’Épictète avec ses deux mains. Il le secoue en disant :

Écoute le premier trope.

Épictète reste impassible. Mais Arrien bouscule Fluctus qui tombe à terre.


arrien

Arrière, fumier.