Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/30

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leur vanité et pourquoi elles sont vaines. Je ne mêlerai pas à ce qui fut dit du vivant de Socrate des choses que j'ai pensées seulement depuis sa mort. Même si je les ai rappelées, c'est uniquement pour que les jaloux n'aillent pas prétendre qu'Antisthène le chien aboie au hasard tantôt une chose tantôt une autre.


III

Socrate ne fut pas le premier sophiste que j'écoutai. Avant de l'entendre, j'avais souvent entendu Gorgias et quelquefois, quoique rarement, Prodicos ou Hippias. Malgré les mensonges par quoi Sathon s'est appliqué à déshonorer Gorgias, — mais ils ne déshonorent que Sathon — Gorgias était un maître admirable et que seul Socrate surpassait.

Quand le dialogue que Sathon a appelé Gorgias vint flatter bassement la malignité publique, le vieux sophiste, chargé d'années, vivait encore. Il avait toujours admiré — car il était exempt d'envie — la savante et sournoise rhétorique de Platon prétendu ennemi de la rhétorique. Cette fois, il n'admira pas moins l'injustice de Platon prétendu ami de la justice et il s'écria devant moi :

— Athènes a donné le jour à un nouvel Archiloque !

Car, en ce qui concerne Gorgias et Polos, le dialogue est menteur et injurieux comme les ïambes contre Néobule et Lycambès.