Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/40

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Quand Socrate sacrifiait, je l'ai toujours entendu railler et se moquer. Il disait :

— Faisons pour ces malheureux dieux ce qu'ils ne sauraient faire pour eux-mêmes.

Il ajoutait :

— Heureusement, ces êtres imaginaires n'exigent que les parties inutilisables de la victime. Ce qui permet à tous les hommes de vivre et aux prêtres d'engraisser.

Un jour, on me demanda devant lui une offrande pour la Mère des Dieux. Je répondis en riant :

— Un riche s'indignerait si j'avais l'insolence d'apporter à sa mère une drachme ou une obole. Pourquoi me demandes-tu de faire une telle injure aux dieux et de les accuser, en me mêlant de leurs affaires de famille, de laisser leur mère dans le besoin ?

Socrate rit de son grand rire et il dit au quêteur qui se retournait vers lui  :

— Antisthène a répondu pour tous les hommes pieux. Considère-moi, je te prie, comme un homme pieux.

Le quêteur ne recueillit pas une obole dans l'entourage de Socrate.

Un autre jour, un prêtre orphique vantait devant nous la félicité des initiés dans les champs Elyséens. Je lui demandai :

— Qu'attends-tu donc pour mourir et aller goûter de telles joies ?

— Il attend, dit Socrate, d'être certain des choses qu'il nous raconte.

On sait qu'il ne daigna jamais se faire initier. Il affirmait :