Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/42

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méprisait les dieux que la cité honore. Le seul tort de Mélétos c'est de blâmer ce qui est digne de louange. Xénophon commet la même faute et en outre il ment sur les faits.

Mélétos dit vrai quand il affirme que Socrate introduisait des divinités nouvelles. Socrate introduisait d'innombrables divinités nouvelles.

Il m'approuvait quand je disais :

— Selon la loi, il y a plusieurs dieux ; selon la nature, il n'y a qu'un dieu. Il ajoutait que Dieu ne ressemble à aucun être que nous connaissions ou puissions connaître et qu'il est impie de le représenter par des images.

Après Anaxagore qui, malgré l'amitié de Périclès, fut condamné comme athée, Socrate honorait souvent un dieu qu'il appelait l'Esprit. L'Esprit, qui du chaos extérieur a fait un cosmos, est le seul dieu extérieur à l'homme. Antisthène n'accorde à aucun autre être le nom de dieu. Mais Anaxagore parlait de l'Esprit avec assurance. Socrate et Antisthène parlent de l'Esprit avec doute et inquiétude comme on parle d'une chose incertaine, lointaine, que notre oeil ne verra jamais, que notre intelligence ne concevra jamais. Même, si je comprends bien certaines paroles que Socrate a prononcées le dernier jour de sa vie et qu'on lira en leur lieu, Socrate, dans sa vieillesse, ne croyait plus à l'Esprit.

Mais Socrate parlait avec assurance d'autres dieux, innombrables, de dieux aussi nombreux que les hommes. Chaque homme est un chaos, mais il y a en chaque homme un dieu qui si tu le veux, ordonnera