Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/47

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pour étancher ton ignorance, nulle parole naïve et qui coule de source.

— N'est-ce pas, Socrate, parce que le peuple lui-même est ignorant ?

— Tu l'as dit, mon Xénophon.

— L'ignorant n'a-t-il pas raison de répéter ce que dit le savant ?

— Tant qu'il est ignorant, comment saurait-il si un autre est savant ?

— Que fera donc l'ignorant ?

— Il doit se taire devant tous tant qu'il est ignorant. Et il doit s'interroger lui-même jusqu'à ce qu'il ne soit plus ignorant.

— Tu es exigeant, excellent Socrate.

— Non, excellent Xénophon, mais c'est la raison que tu accuses d'exigence... Répéter comme vraie une parole dont on n'est pas certain qu'elle est vraie, n'est-ce pas un mensonge ?

— C'est un mensonge.

— D'autre part, les paroles que répète le peuple, crois-tu qu'elles viennent vraiment d'hommes savants ?

— Les magistrats et les orateurs dont le peuple répète les paroles sont assurément plus savants que le peuple.

— Si tu dis vrai, mon Xénophon, si les magistrats et les orateurs savent les choses dont ils parlent, je me réjouis de songer que jamais personne n'a subi aucun dommage pour avoir écouté les magistrats et les orateurs.

— Tu te moques, Socrate. Les histoires et les conversations