Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/57

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Dans le temple qui est en moi, je vois peut-être un autel et, sur cet autel, la statue de Cyrus. Car j'ai un cœur assez reconnaissant pour ne point redouter les bienfaits.

Socrate

Pourtant tu n'oses te demander à toi-même le plus grand de tous les bienfaits, ou plutôt le seul bienfait qui compte.

Xénophon

C'est que je suis pauvre, mais Cyrus est riche et il peut, d'un mot, faire ma fortune.

Socrate

Tu accepterais donc un bien que tu n'aurais point mérité ?

Xénophon

Qu'importe que l'ouvrier soit payé avant ou après le travail. Ma reconnaissance et mon dévouement au bienfaiteur me donneraient ensuite les mérites qui m'auraient manqué d'abord.

Socrate

Ainsi tu aurais reçu ton prix comme on reçoit le prix d'un esclave.

Xénophon rougit sous ce dernier mot. Il garda un instant le silence, puis il s'éloigna, disant qu'il allait méditer les paroles du maître.

Socrate, cependant, restait pensif. Quand nous fûmes seuls, je respectai quelque temps sa méditation. Mais, enfin, je suggérai doucement :