Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Tant que tu ne te connais pas toi-même, tu es un amas de contradictions. Seule, ta lumière mettra de l'ordre dans ton chaos.

Je répétais ridiculement :

— Un ami de la paix... Un ami de la paix !…

— Tu juges peut-être sur une apparence, mon Antisthène.

Les Acharniens et mille paroles que je lui ai entendu dire...

— Peut-être ce qu'aiment Dicéopolis et Aristophane, ce n'est pas la paix extérieure fille de la paix de l'âme, mais la satisfaction de certains désirs, l'apaisement apparent que donne l'obéissance aux passions. Ce qu'aiment Dicéopolis et Aristophane, ce sont les petites filles de Mégare, la viande des cochons de lait, les denrées béotiennes les festins de Bacchos, l'ivresse soutenue par deux femmes grasses.

— Nous souriions, croyant revoir la comédie et tous ces grossiers tableaux de grossières jouissances.

Mais Aristippe murmura :

— Qu'aimerait-on dans la paix, sinon les plaisirs de la paix ?

— Tu as raison, mon Aristippe — dit Socrate. Mais tous ne mettent pas leur plaisir aux mêmes choses. Peut-être aussi il est des joies sereines que le mot plaisir exprime trop faiblement.

— Ce n'est pas la paix — dit Alcibiade — qu'aime Aristophane. C'est l'argent. Ce poète comique est vendu comme un orateur. J'ai entendu dire que les Lacédémoniens l'ont payé assez cher.

Mais Socrate :

— Fils de Clinias, tu répètes témérairement des