Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/68

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On sait que ce misérable Sathon, depuis que Socrate est mort, a loué à plusieurs reprises Aristophane et ce qu'il ose appeler la poésie de l'infâme bouffon. Il a fait davantage, ce menteur de tous les mensonges ; il a osé, au Banquet chez Agathon, huit ans après Les Nuées, nous montrer le méprisable Aristophane et le grand Socrate conversant ensemble comme deux égaux, comme deux amis !


VII

Je n'ai pu noter les paroles qui furent prononcées aussitôt après la fuite d'Aristophane. J'étais trop ému pour écouter. Il y avait en moi un grand trouble et un grand soulèvement de poussière. J'étais une ville où un tremblement de terre vient de renverser des maisons et des pans de mur : stupide, sans rien voir de précis, je regardais le nuage soulevé par les chutes brusques.

On m'a conté depuis que Socrate, sans cesser de converser avec les uns et avec les autres, me regardait en souriant. Sans doute, il voyait mieux que moi ce qui se passait en moi.

Je sortis de mon silence lourdement méditatif, pour m'écrier :

— Et cet étrange Aristophane est un ami de la paix !

— Il ne sait pas ce qu'il est — remarqua doucement Socrate. Encore un qui ne se connaît point lui-même.