Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/71

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VIII

On peut dire que la vie entière de Socrate a été vécue sous les yeux des hommes. Le matin, il allait à la promenade et dans les lieux d'exercices. Il se montrait sur l'agora aux heures où la foule s'y pressait. Il passait le reste du jour au milieu d'assemblées souvent nombreuses. Il parlait librement devant tous et tous le pouvaient écouter librement. L'a-t-on jamais entendu prononcer un mensonge ? L'a-t-on jamais entendu vanter la Cité et les lois écrites ? L'a-t-on jamais entendu vanter aucune patrie, aucun magistrat, aucun gouvernement ?

Jamais.

Jamais il n'a loué aucun gouvernement ni aucune loi écrite, pas plus ceux d'Athènes que ceux de Lacédémone ou de quelque rêve.

J'en atteste tous ceux qui l'ont entendu et qui ne sont pas des menteurs. Honte à Sathon : il s'acharne à mettre dans la bouche de Socrate des pensées ingénieuses et fausses qui n'ont pu germer que derrière le front de Sathon ! Honte à Xénophon  : il s'acharne à mettre dans la bouche de Socrate les pensées banales et fausses qui germent spontanément, comme joncs dans les marais, dans l'esprit d'un capitaine de cavalerie !

Socrate ne parlait que des choses qu'on peut et qu'on doit savoir. Il cherchait la science possible et la science nécessaire : la science des mœu