Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/87

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sera pour ses yeux éblouis quelque chose de plus réel que le Socrate qui vous parle.

Il parlait longuement contre la vaine subtilité. Il parlait subtilement contre certaine subtilité. Mais la subtilité de Socrate était celle qui cherche prudemment le vrai, non celle qui cherche témérairement l'ingénieux et l'extraordinaire.

Socrate était le plus subtil des hommes. Il ne l'était pas à la manière d'Euclide au front puéril ni à la manière de Sathon au vaste front ridé comme coquille d'escargot.

Euclide entre ses propositions géométriques, est subtil comme un rêveur étrange dont les rêves sont plus rigides que la réalité et dont les rêves appellent vie et plénitude le vide même et l'absence de vie. Euclide, quand il se livre à l'éristique, est subtil comme un enfant dépité contre d'autres enfants et il veut avoir raison dans les mots ; et peu lui chaut que les mots dont il triomphe correspondent ou non à des choses.

Sathon, flatteur du tyran de Syracuse, auteur de La République et des Lois, est subtil comme un orateur qui veut tromper ceux qui l'écoutent. Dans sa jeunesse, il était déjà subtil comme un homme qui désire qu'on s'étonne dès qu'il parle et qu'on admire. Aujourd'hui il désire qu'on le prenne pour un législateur. Sa grande joie serait qu'une cité lui demandât une constitution. Autrefois il a flatté Denys, dans l'espoir d'obtenir une colonie qu'il ferait vivre selon sa politique. Maintenant, content d'apparences plus légères, il fait répandre menteusement le bruit que les Arcadiens ou les Thébains — il n'est pas