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Page:Ryner - Les Voyages de Psychodore, 1924.djvu/22

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devant des tribunaux. Or il savait que les oreilles des juges, bouchées par l'étoupe des lois, ne peuvent plus entendre et il ne répondait pas aux questions qui lui étaient posées. D'ordinaire, on le laissait aller, le croyant fou. D'autres fois, on l'enfermait pour quelques jours en des prisons. Le soir, Psychodore se couchait en même temps que le soleil. Quand il était libre, son lit était le bord de la route ou le fond d'un torrent sans eau.

Psychodore marcha trois ans, sans s'arrêter volontairement pendant le jour et sans prononcer une seule parole. Il est probable qu'il ne voyait des objets extérieurs que les plus extraordinaires et son esprit les traduisait en symboles d'éternité. Or, dès que les choses lui avaient donné une pensée plus belle qu'elles-mêmes, il cessait de regarder les choses.

Quand Psychodore eut marché trois ans, il se trouva au sommet d'une grande montagne, et il regarda en bas et autour de lui. Car des cris montaient, étranges, cris de querelle qui faisaient songer, quoique articulés, aux branches d'une forêt froissées par une tempête.

Le lieu où se trouvait Psychodore était singulier. La montagne formait un cercle presque