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Page:Ryner - Les Voyages de Psychodore, 1924.djvu/24

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vent du sommeil ployait leurs genoux et les couchait sur le dos. Mais, outre le pouvoir de changer de lieu, un autre bien leur manquait qui, jadis, parut précieux à Psychodore : les Enracinés n'avaient pas de sexe.

La nature avait refusé à ces hommes le pouvoir de procréer, parce qu'elle les avait faits immortels. Le cynique devina bientôt ce privilège, et il ne fut point jaloux. Mais il resta, observant et étudiant leur langage. Car un doute l'avait rendu avide de connaître leurs pensées :

— Peut-être ils sont savants comme des dieux, et ils m'apprendront ce qu'est devenue ma bien-aimée et où je pourrai la retrouver.

Quand il comprit quelques-unes de leurs paroles, Psychodore s'aperçut que la forêt était ignorante et grossière comme tous les peuples. Il fréquenta de préférence les Enracinés que le destin avait isolés, Mais il vit que chez ceux-là l'erreur était plus étrange, absurde comme la folie et non plus comme la sottise ; et ils s'enorgueillissaient de leurs pensées ingénieuses et fragiles.

Cependant, Psychodore ne s'éloigna pas encore. Mais il se dit :