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Page:Ryner - Les Voyages de Psychodore, 1924.djvu/25

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— J'ai l'angoisse de la durée ; ils ont l'angoisse de l'espace. Les sottises et les folies qu'ils disent sur le monde étendu correspondent sans doute à nos erreurs sur le monde qui persiste. Le temps et l'espace sont des frères jumeaux tout semblables l'un à l'autre. Leur père s'appelle l'Immense et leur mère dit : Je suis Eternité ».

Et le sourire avec lequel il écoutait les géants immobiles blâmait aussi des pensées d'hommes qui marchent.

*
*    *


Car ceux d'entre les géants qui s'appelaient eux-mêmes les sages, multipliaient les négations hardies ou timides disant :

— Il n'y a rien au delà de l'horizon.

... ou bien :

— Gardons-nous d'affirmer ou de nier ce que nos sens ne peuvent saisir. La plaine que nous habitons est-elle tout l'univers et le mur des montagnes se dresse-t-il entre l'être et le néant ? Nous n'avons aucun moyen de le savoir. Ne nous occupons pas de l'inconnaissable et faisons méthodiquement la science du monde visible.