Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/146

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la gaine de Léon Bloy est faite de je ne sais quel fumier incrustant et tenace.

J’aime d’admiration Léon Bloy. (Peut-être va-t-il m’interdire naïvement de l’aimer et de l’admirer, moi qui ne suis pas catholique, et qui fais des réserves, et qui aime et admire autant des puissances et des beautés égales et différentes : mais mes sentiments ne dépendent ni de lui ni de moi). J’aime d’admiration « le mendiant ingrat », énergie invaincue, noble d’une noblesse rugueuse qui ne ressemble pas à celle que je voudrais réaliser, mais qui est assez étonnante pour dépasser la compréhension des gens de maintenant. J’aime d’admiration l’écrivain paradoxal et vigoureux, le métaphysicien qui prolonge parfois le dogme catholique en des profondeurs de vertige et de ténèbres ; mais on sent soudain une main rude et forte vous soutenir et, brusques éclairs qui traversent l’abîme, des images inattendues fulgurent devant vos yeux de la menace et de la clarté. J’avoue que le pamphlétaire m’est un compagnon moins précieux : il se laisse aller à trop de lyrisme excrémentiel ; trop volontiers il inflige aux condamnés de sa conscience le supplice du pal et, avec une insistance barbarement joyeuse, il