Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/147

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nous montre que les culs qu’il va transpercer ne sont pas propres. Voilà le reproche personnel que j’adresse à Léon Bloy bourreau. D’autres blâmes s’agitent en mes mains impatientes, mais qui doivent cingler tous les tortionnaires catholiques du xixe et du xxe siècles.

Des « philosophes » avaient proclamé qu’il est impossible à un catholique de penser. Sans doute la conversion, l’adhésion de l’adulte à une doctrine étrangère et arrêtée, marque toujours faiblesse et lâcheté intellectuelles. Il n’en est pas de même de la fidélité à un préjugé initial. Le dogme n’envahit pas tout l’espace : on peut, avec ce port d’attache, voyager sur un large océan et dans l’abîme même du port on fait parfois des découvertes. Mais les pamphlétaires catholiques ne sont pas moins injustes que leurs ennemis quand ils retournent le reproche non seulement contre les libre-penseurs mais encore contre les penseurs libres, quand ils attaquent chez tout non-catholique le penseur. Ce fut la grande taquinerie de Veuillot contre Hugo, qui n’est pas un Spinoza assurément, mais qui pense tout autant que Veuillot, c’est-à-dire assez pour être un grand polémiste ou un très grand poète. Barbey d’Aure-