Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

villy, écrivain et poseur admirable, noble sans doute, mais plus hautain que noble, et puissant par l’image, et par l’expression trouvée, et par le rythme bruyant et empanaché, et par la verve méprisante, mais dont la pensée est un squelette dont on entend à peine le pauvre cliquettement sous les pourpres triomphales qui le drapent, reproche continuellement lui aussi aux non-catholiques de ne point penser. Et aujourd’hui voici que Léon Bloy abuse de ce moyen polémique, peut-être un peu usé.

Or les catholiques ont plusieurs façons de démontrer que Dieu leur a réservé le singulier privilège de penser. Rencontrent-ils chez un adversaire une idée un peu nouvelle, aussitôt leur rire éclate, leurs mains claquent bruyantes sur leurs cuisses et il entraînent le bon badaud à se gausser avec eux d’une aussi joyeuse folie. Si, au contraire, on dit une chose déjà dite complètement ou à demi ; si on admet, même en la renouvelant ou la prolongeant, une doctrine dont on n’est pas l’inventeur, ils reprochent avec véhémence ou soulignent avec ironie un tel manque d’originalité. Il y a pourtant — heureusement pour les catholiques — des esprits auxquels un dogme est un soutien