Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/200

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Aimée sont particulièrement riches à ce point de vue. Mais ces grands morceaux valent surtout d’ensemble. Je n’ose détacher de l’éclatante rivière un de ces diamants qui se font valoir les uns les autres. Et je ne vois aucune raison de choisir. Ils me paraissent tous d’une beauté égale, absolue. Au hasard, celui-ci, dans le discours de la Nuit. Elle dit de la femme :

C’est par moi que fleurit l’ivresse de ses flancs
Et mes doigts caresseurs entr’ouvrent les lits blancs
       Aux rayons bleus du clair de lune.

J’ai peur qu’on me trouve long. Il m’est pourtant impossible de passer sous silence l’autre grand mérite d’Émile Boissier : il est poète par la musique autant que par l’imagination. Et chez lui — coïncidence heureuse — les deux qualités ont les mêmes limites : il lui manque l’image belliqueuse et triomphante bruyamment ; et son orchestre n’a pas de cuivres. Presque toujours son instinct lui fait éviter les fanfares, et les violences, et les mouvements brusques ou rapides. Dans le Chemin de l’Irréel il a, une fois, dépassé son talent. Il a voulu décrire la danse ma-