Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils sont, ces parfums adorés, l’ébauche des sons et des musiques. Ils sont une expression bégayée, et séduisante, et comme enfantine, de l’univers ;

Tout peut, loin du réel, être enclos aux senteurs

Il aime « leur puéril symbolisme » et leur mensonge. Ils lui créent des illusions aimables, font sourire devant ses yeux heureux des vierges aux « charmes pâles »

Atténués aux teintes vagues des lointains.

Et M. Charles-Brun, d’un geste qui de sa part semble un peu vif, se jette à genoux en poussant ce cri d’amour :

Ô femme, toi qui n’es qu’une senteur perverse !

Où diable ça peut-il aller mettre le nez, un professeur ?…

Celui-ci se relève pour continuer, intarissable et subtil, à commenter les vers de Baudelaire :

Comme de longs échos qui de loin se confondent

Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Assez adroit ouvrier de mots et de nombres, Charles-Brun n’aurait pas grand chose à ap-