Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/339

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D’ailleurs, malgré ses efforts brusques et ses triomphes lyriques, jamais il n’affranchit sa pensée aussi complètement que Descartes ou Kant. À aucun moment il n’échappe à l’hégélianisme, qui lui paraît une inévitable nécessité de toute pensée allemande. Jamais non plus il ne s’évade du darwinisme. Ses explications de détail, soit qu’il cherche « l’origine de la connaissance », « l’origine du logique » ou toute autre genèse, font intervenir la sélection naturelle comme un agent dont personne n’oserait nier l’existence ou l’importance. Il est vrai qu’il reproche au « darwinisme anglais »[1] je ne sais quelle « odeur de petites gens, misérablement à l’étroit ». Il voit, lui, darwiniste allemand, darwiniste d’un pays victorieux et d’une période glorieusement expansive, la lutte se livrer « partout autour de la prépondérance, de la croissance, du développement de la puissance, conformément à la volonté de puissance qui est précisément la volonté de vie. » Mais cette critique ne me paraît pas très heureuse

  1. Ici, c’est moi qui souligne le mot : anglais. Dans les autres citations, les italiques sont de Nietzsche.