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Page:Sébillet - Art poétique françoys, éd. Gaiffe, 1910.djvu/18

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Y1H INTRODUCTION

Bellay (i), Etienne Pasquier et Loisel, qu’il engagea tous deux à, écrire (2), l’Estoile avec qui il fut emprisonné durant les^ troubles de la Ligue (3). 11 parait du reste avoir été fort affecté par les désordres politiques au milieu desquels il vieillit. Le discours qu’il prononça au Parlement, en octobre 1589, « sur les affaires de Tannée », nous le montre fermement attaché au gouvernement monarchique et à la foi catholique, et fort inquiet des progrès de la démagogie et de l’influence étrangère (4). C’est (1) Sur la nature de ces relations qui, au début assez tendues, devinrent dans la suite tout amicales, cf. H. Chamard, Joacbim du Bellay, Lille, 1900, in-8, ch. II, IV, V, p. 90, sqq, 127-140, 146, 157, 169, 250, etc.

(2) Et. Pasquier, Lettres VIII, 1 (II, 197). Cf. I, 12 (II, 19). Hjcherches de France, Livre VII, ch. VI (I, 703) .Epigrammata, III, 41 et 55 (I, 1168, 1170). — Loisel. lbid., loc. cit. (3) L’Estoile, V, 13.

(4) Bibl. Nat. Mss. fr.. Coll. Dupuy 137, p. 168 sqq. Cette pièce n’ayant jamais été publiée à notre connaissance, nous croyons devoir l’analyser rapidement. Sebillet commence par citer ce mot de Plutarque, en la vie de Nicias :

» Ou discord règne en quelconque cité

« Le plus meschan a plus d’authorité. »

et. il en fait l’application à l’état actuel de la France. Il s’indigne contre ceux qui ont osé » entreprendre l’autorité par dessus toute s-upériorite avec telle licence et audace que ceux qui ne l’ont veu no le peuvent bonnement- croire ». Il établit longuement, avec force citations antiques, la supériorité de la monarchie sur l’état populaire. Les François ne doivent pas plus changer de forme de gouvernement que de religion : « Il faut que le roy soit de notre religion catholique, apostolique et romaine. » On a reconnu comme roi le cardinal de Bourbon ; « mais la reconnoissance a été si froide et languissante qu’il semble qu’on ne le veuille servir ». Pendant ce temps un prince étranger convoite le trône et emploie la corruption pour y parvenir : « Ce n’est pas ainsy qu’il nous faut faire. Nous sommes françoys : ne soyons pas cause de la ruine de notre propre mère et patrie ». Sebillet fait donc appel au zèle de tous hons citoyens pour faciliter la délivrance de ce roi-cardinal, qui, bien que prisonnier, doit voir ses ordres respectés et exécutés. En attendant, il faut reconnaître, dans cette ville de Paris, l’autorité des magistrats (le Parlement, le prévôt de Paris et le prévôt des marchands). Le clergé devra prêcher l’obéissance et l’armée prêter mainrforte aux magistrats. Ainsi fesant, « il n’y a point de doubte que Dieu bénira nos bonnes saintes intentions et fera prospérer les-